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La dermatologie pédiatrique à l’heure de la télémédecine : retour d’expérience en télé-expertise au CHU de Lyon.
2019
Santé
Auteurs Physiques
- ALEXANDRE (L.)
Organismes Producteurs
Aucun organisme producteur
Organismes Commanditaires
- Université de Lyon
Résumé
La télémédecine, selon le code de la santé publique, est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication . La télé-expertise est l'un de ses cinq actes, et a aussi pour but d'améliorer l'accès aux soins et d'en réduire les coûts. La télédermatologie appartient aux spécialités pionnières dans le développement de la télémédecine car elle intègre naturellement la photographie à son exercice. Dans ce travail, nous nous sommes particulièrement intéressés à la dermatologie pédiatrique. Aux HCL, la télé-expertise en dermatologie est utilisée depuis mars 2012. Depuis février 2019, le remboursement des actes de télé-expertise aux conditions légales est mis en place pour certaines catégories de patients et devrait s'élargir aux mineurs d'ici fin 2020. Evaluer les besoins et les spécificités de la télémédecine appliquée à la dermatologie pédiatrique, à travers deux années d'expérience au CHU de Lyon. Revue rétrospective de l'ensemble des demandes de télé-expertise concernant des patients de moins de 18 ans, reçues au CHU de Lyon via le portail MyHCLpro du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2017. Un questionnaire de satisfaction a également été réalisé auprès des médecins requérant. 5650 avis ont été reçus en dermatologie, 1089 concernant les moins de 18 ans. Le délai moyen de réponse était de 2 jours, considéré comme rapide par 80% des médecins requérant. 76% des demandes émanaient de dermatologues. Elles provenaient majoritairement de région Rhône-Alpes (68%). Une majorité d'avis concernait les naevus (38%), les pathologies unguéales (13%), les pathologies inflammatoires ou auto-immunes chroniques (12%). 46,5% des photos étaient faites en dermoscopie de qualité exploitable . Parmi les 830 cas où un diagnostic était proposé, 37% présentaient une concordance diagnostique totale entre médecin requérant et médecin requis et 48% partielle. La concordance entre diagnostic du médecin requis et diagnostic final était non déterminable pour 76% des avis. Le taux d'erreur diagnostique de la part du médecin requis était estimé à 14%. 73% des avis permettaient d'éviter toute consultation clinique résiduelle. La satisfaction globale des médecins requérant était bonne, la plupart trouvaient l'utilisation du portail facile et les avis utiles. Une part importante des demandes d'avis concernait la dermatologie pédiatrique et la demande était toujours croissante. Nous confirmons également la place importante des demandes concernant les lésions mélanocytaires et la dermoscopie, même chez les enfants chez qui pourtant l'incidence du mélanome est exceptionnelle. L'utilisation courante de la dermoscopie améliorait l'acuité diagnostique des médecins requis. Cela mériterait d'encourager son utilisation auprès des médecins généralistes et des pédiatres libéraux. De manière plus générale, les limites de l'usage de la télé-expertise en dermatologie sont liées à la qualité des photos, à l'absence d'un usage courant de la dermoscopie, au manque d'informations détaillées dans les avis. Pour autant, la télé-expertise avait pour atout d'être un outil d'accompagnement des médecins libéraux et de tri, permettant de réduire les consultations évitables, et de limiter l'engorgement hospitalier. Elle permettait aussi un suivi au long cours et participait à la formation médicale continue des professionnels. La télé-expertise mériterait d'être déployée auprès des pédiatres et des médecins généralistes. Parallèlement des initiatives privées souvent payantes se développent sur internet avec la possibilité de télé-expertise en ligne. Le service public hospitalier se doit donc de prendre une place importante dans l'exercice de la télé-expertise pour la garder accessible à tous.
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