< Retour à la liste

Obstacles et conséquences à la prise en charge, par les urgentistes somaticiens, des patients à motif psychiatrique au service d’accueil des urgences de Lyon.

2023
Santé
Auteurs Physiques
  • VEYRON (C.)
Organismes Producteurs
  • Université de Lyon
Résumé
En France, on estime que près d'un individu sur cinq souffre d'au moins un trouble mental, soit 12 millions de personnes. Les urgences psychiatriques concernent environ 5% des motifs de consultation aux urgences. La littérature internationale montre que la durée moyenne de séjour aux urgences pour des patients en demande de soins en santé mentale est 40% plus élevée que pour les patients consultant pour un autre motif. Ceci entraîne des conséquences délétères pour les patients telles qu'un retard thérapeutique, une agressivité envers le personnel ou une augmentation de la mortalité. Ainsi, une compréhension approfondie des causes de cette augmentation de la durée de séjour est nécessaire afin de pouvoir donner une réponse adaptée et d'améliorer les soins. Cependant, peu d'études se sont concentrées sur ce sujet. Les objectifs de notre travail étaient de comparer le délai de premier contact médical et la durée totale de séjour aux urgences entre les patients admis pour un motif psychiatrique par rapport à ceux admis pour un motif somatique. L'objectif secondaire est d'identifier les obstacles à l'évaluation et à la gestion optimale, par les urgentistes somaticiens, des patients admis pour motif psychiatrique aux urgences de Lyon. Nous avons réalisé une enquête épidémiologique observationnelle monocentrique rétrospective avec les données issues de l'étude OPOSSUM (Observatoire des épisodes Psychiatriques et de leur Organicité Sous-jacente dans des Services d'Urgences Médicales) sur l'hôpital Edouard Herriot (Lyon). Nous avons en parallèle distribué un questionnaire à l'attention des professionnels médicaux des urgences de la région lyonnaise afin de récolter des données sur leurs habitudes et leur opinion sur la prise en charge des patients admis pour un motif psychiatrique aux urgences. 266 patients des urgences de l'hôpital Edouard Herriot (HEH) ont été inclus et analysés dont 133 patients à motif psychiatrique et 133 patients à motif somatique. La durée de séjour aux urgences était significativement plus longue chez les patients à motif psychiatrique (13h09) que chez les patients à motif somatique (7h03, p < 0,0001). Cependant, il n'existe pas de différence sur le délai de premier contact médical dans ces deux groupes. Notre questionnaire a permis de mettre en lumière que les difficultés liées à la prise en charge des patients admis pour motif psychiatrique sont plurifactorielles : les locaux sont souvent inadaptés, les dossiers sont chronophages et il existe un manque d'affinité et des lacunes au niveau de la formation en psychiatrie. En outre, 80% des professionnels ne travaillant pas à HEH estiment que l'absence d'équipe de psychiatrie à temps plein allonge les durées de prise en charge. Cette étude montre qu'il existe de nombreux obstacles à la prise en charge des patients admis pour motif psychiatrique. L'identification de ces obstacles peut nous permettre de rechercher des axes d'amélioration tels que l'implémentation d'une équipe psychiatrique dédiée aux différents services des urgences, la construction de locaux adaptés lors des réhabilitations des SAU ou la simplification administrative pour les soignants. Il faudrait envisager une étude de plus grande ampleur afin de mieux préciser ces besoins.
Accès à l'étude
*L'astérisque indique les organismes ayant changé de dénomination ou ayant cessé leur activité.


Pour compléter ces informations, n'hésitez pas à interroger également la partie Indicateurs et Répertoires