Pieros

De nos jours, alors que la mortalité intra-hospitalière augmente, 16% des décès ont lieu dans les services d'Urgences ou d'Hospitalisation de Courte Durée (UHCD). Les décisions de limitations ou d'arrêt des traitements (LAT) est fréquemment prise par les urgentistes. La législation des LAT place les proches des patients a deux niveaux : en amont de la procédure collégiale, comme témoin des volontés du patient, souvent inaptes à communiquer et en aval, lorsqu'ils sont informés des conclusions de la procédure. De précédentes études, réalisées dans les services de Réanimation, rapportent un ressenti émotionnelle négatif des proches en cas d'implication dans ces décisions. Par ailleurs, le fait de sensibiliser au préalable à ces discussions semble décroitre ce ressenti. Ceci n'a, jusqu'alors, jamais été évalué au sein d'un service d'Urgences. Cette étude vise à étudier la prévalence de sensibilisation préalable des proches aux décisions de LAT parmi une cohorte de proches de patients, admis aux Urgences en situation de fin de vie. Cette étude a été menée sur 42 proches de patients admis aux Urgences de la Croix Rousse entre décembre 2022 et juin 2023. Les caractéristiques médicales des patients ont été recueillis et des questionnaires ont été soumis aux proches les accompagnants. La moitié des proches avaient été précédemment sensibilisés aux LAT ; parmi ces derniers : la grande majorité exprimait une meilleure compréhension de la situation et un ressenti amélioré (19, 90.5%). Parmi les proches non sensibilisés, un tiers aurait souhaité l'être et un tiers pensait que cela les aurait aidés dans le ressenti de la situation. La LAT n'a pas été vécue comme douloureuse pour la plupart des proches : la moitié a trouvé la décision apaisante ((42,9%, n=18) et un quart, tolérable (23,8%, n=10). Les acteurs de cette discussion anticipée étaient principalement les proches eux-mêmes (66%) et les médecins au cours des hospitalisations précédentes (33%). A l'inverse, les médecins généralistes n'avaient été impliqués que dans un seul cas. Le profil des proches sensibilisé ne présentait pas de différence par rapport au reste de la cohorte. Ainsi, dans les limites de cette étude de faible puissance, les résultats montrent que la prise en charge de patients âgés, polypathologiques, avec une indépendance altérée, n'améliore pas le niveau de sensibilisation des proches. 4 proches n'ont pas pu être inclus dans la cohorte au vu d'une mauvaise compréhension de la LAT et de ses implications. La sensibilisation préalable est encore sous utilisée chez les proches des personnes âgées, mais montre des résultats intéressant concernant l'expérience vécue et la compréhension de la LAT.