Pieros

En 2020, avec la COVID-19, le système hospitalier français a dû faire face à une pandémie d'une ampleur inimaginable. Devant la saturation des lits, en particulier ceux de soins critiques, un nombre de mesures exceptionnelles ont été prises, dont la décision de transferts inter-hospitaliers de patients de réanimation à travers toute la France. Cette analyse descriptive rétrospective a pour objectif de caractériser cette population de patients évacués depuis le territoire Rhône - Nord Isère, d'analyser le respect des critères de sécurité établis pour le transfert, d'étudier les éventuelles complications pendant le transport et de s'intéresser à l'évolution de ces patients dans leur service d'aval, ainsi que leur devenir et leur mortalité à court et moyen Entre le 1er octobre 2020 et le 30 avril 2021, 61 patients ont été transférés, 16 (26%)étaient de sexe féminin, pour un âge moyen à 69,4 ± 9,4 ans et 53 (87%) présentaient au moins une pathologie chronique. L'ensemble des patients présentaient un SDRA (Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë), avec 1 (1,6%) présentant un SDRA léger, 32 (52,5%) un SDRA modéré et 28(45,9%) un SDRA sévère. Les scores SOFA et IGS II moyens étaient respectivement de de 4,3±1,6 et 37,9 ±9,2. Presque un tiers des patients (18, 29,5%) avaient au moins deux critères d'éligibilité manquants. Pendant le transport, 36 (59%) ont rencontré des complications, de gravité variables, mais aucun décès dans les 72h suivant l'évacuation n'a été constaté. Ces patients ont nécessité un support par ventilation mécanique pendant 21,8 ±16 jours. La durée de séjour en réanimation, et à l'hôpital était respectivement de 28,5 ± 20,1 jours et 41,9 ± 26,5 jours au total. La mortalité de cette cohorte à 1 an s'élève à 14 patients (23%). Ces données objectivent la réalité du profil des patients transférés depuis le territoire Rhône-Nord Isère pendant la crise sanitaire liée au COVID-19, principalement pendant la2ème et 3ème vague, à l'automne 2020 et au printemps 2021.Cette étude rapporte la survenue d'évènements pendant le transport cohérent avec la population observée, et accessibles à des mesures thérapeutiques simples, sans conséquences majeures. L'analyse du devenir de ces patients expose ainsi une sécurité relative de ces transferts, et la comparaison de cette cohorte avec d'autres analysées dans la littérature ne met pas en évidence de différence significative dans leur devenir qui pourrait être imputée négativement à la réalisation de ces transferts. Les résultats suggèrent également que les critères choisis pour l'éligibilité des patients pourraient être adaptés plus précisément dans cette population et ce contexte. De futurs travaux pourront comparer plus précisément cette population à d'autres, notamment non transportées, afin d'analyser réellement l'impact qu'ont pu avoir ces évacuations. En effet, l'analyse de ces données est précieuse pour la préparation des équipes à de futures autres situations sanitaires exceptionnelles.