Pieros

En mars 2020, la pandémie de SARS-CoV-2 (COVID-19) a imposé la mise en place de mesures sanitaires dans les cabinets de médecine générale pour freiner la propagation du virus. L'objectif du travail était d'identifier les effets de ces mesures sur la relation médecin-patient, à travers le ressenti de médecins généralistes et de patients. Une étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de douze médecins généralistes et douze patients de la région Auvergne-Rhône-Alpes a été conduite de décembre 2021 à décembre 2022, par deux investigatrices. Certains effets jugés positifs ont été observés sur la relation médecin-patient. Les mesures sanitaires ont été une protection mutuelle vis-à-vis du risque de contamination devenu inhérent à la consultation, la confiance des patients a été renforcée par la posture de détenteur d'informations fiables qu'ils ont attribuée à leur médecin, et ils ont pris conscience de l'importance et de la difficulté de son rôle durant la pandémie. Toutefois, l'étude suggère surtout une dégradation de nombreux aspects de la relation médecin-patient. Les participants ont évoqué une perte de proximité, d'aisance et de convivialité et une diminution du sentiment de sécurité et de réassurance des patients. Médecins et patients ont eu le sentiment d'une relation déshumanisée et impersonnelle. La communication verbale et non-verbale s'est dégradée, entraînant des difficultés à véhiculer les émotions et l'empathie, et certains patients ont eu l'impression d'une perte d'attention de la part du médecin. L'efficacité médicale ressentie de la consultation s'est parfois dégradée, avec une impression de perte d'utilité. Des tensions entre médecins et patients ont été générées par certaines mesures sanitaires. Malgré quelques effets positifs, les mesures sanitaires liées à la COVID-19 ont dégradé de nombreux aspects de la relation médecin-patient. Il sera intéressant d'intégrer ces résultats dans les réflexions sanitaires futures.