Pieros

La maladie de la COVID-19 nécessite, dans les formes les plus graves, l'admission des patients en soins critiques pour la prise en charge d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë, à l'instar de la grippe saisonnière. A l'origine d'une pandémie mondiale, la COVID-19 a provoqué des tensions d'approvisionnement sur les stocks de médicaments dits essentiels à la prise en charge des patients. Néanmoins, ces tensions peuvent être aussi bien expliquées par un nombre exceptionnel de patients sur une courte période que par une consommation médicamenteuse plus importante par patient. Dans ce contexte, une analyse comparative des consommations médicamenteuses des patients pris en charge en service de soins critiques des Hospices Civils de Lyon lors de la première vague de la COVID-19 comprise entre février et juin 2020 (n = 179) et lors des quatre dernières épidémies de grippe saisonnière, entre 2016 et 2019 (n = 166) a été menée. Cette étude visait à définir le profil de consommations médicamenteuses des patients "COVID" versus des patients "Grippe Saisonnière" et d'identifier les facteurs susceptibles d'impacter la consommation de ces médicaments. Les résultats montrent des consommations équivalentes de cisatracurium ainsi que de propofol entre les groupes "COVID" et "Grippe Saisonnière" ; médicaments pour lesquels l'afflux massif de patients sur une période restreinte pourrait expliquer les tensions d'approvisionnement. Pour le midazolam et le sufentanil en revanche, les consommations en moyenne doublées dans le groupe "COVID", révèlent qu'une surconsommation de médicaments serait à l'origine de ces tensions. Les facteurs susceptibles d'impacter la consommation de médicaments sont liés aux caractéristiques des patients dont l'obésité, au métabolisme et à la nature lipophile des médicaments ou encore à la physiopathologie de la COVID-19. Notre étude suggère qu'il serait nécessaire de tenir compte de l'ensemble de ces facteurs de variabilité afin d'ajuster les doses de médicaments aux besoins de chaque patient et s'inscrire ainsi dans une démarche d'adaptation de posologie afin d'améliorer les pratiques concernant la prise en charge des patients